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Éric Lapointe | Ti-Cuir nourrit sa cuirette !

« J’ai bu le fleuve Saint-Laurent, j’ai sniffé le mont Sainte-Anne, c’est correct, j’ai donné. »


Publié le 7 octobre

La très bonne minisérie documentaire Éric Lapointe, qui sort mercredi sur la plateforme Crave, n’est pas une opération de relations publiques pour redorer les bagues ternies du rockeur de 56 ans. Il s’agit plutôt d’un portrait honnête, hyper personnel et bien fouillé du populaire auteur-compositeur-interprète, qui a vécu de nombreux hauts et traversé plusieurs bas, que le réalisateur Jean-Philippe « Parish » Parizeau ne maquille ou n’esquive pas.

Le premier épisode (sur un total de trois) aborde de front l’évènement charnière du 29 septembre 2019, où Éric Lapointe a été arrêté et accusé de voies de fait sur une femme. Le musicien, qui avait fêté ses 50 ans toute la nuit, a plaidé coupable, puis obtenu une absolution inconditionnelle du tribunal.

PHOTO FOURNIE PAR CRAVE

Éric Lapointe se livre avec franchise dans le documentaire.

« Mes regrets sont sincères. C’est quatre secondes de mon existence où j’ai perdu le contrôle et j’ai malheureusement accoté une femme dans un mur. Ça ne se reproduira plus », assure l’interprète de N’importe quoi, sobre depuis presque deux ans.

On s’entend : Éric Lapointe ne boit plus d’alcool, mais il fume des cigarettes à la chaîne, tire sur sa vapoteuse et ne dort pas sans avaler de somnifères. Le chanteur chromé consomme aussi beaucoup de « pharmaceutique », qu’il appelle de « l’alcool liquide », pour l’angoisse, le stress, les gueules de bois et ses problèmes d’estomac. Un Valium, c’est de « l’alcool en penule », glisse-t-il. Ah oui, Éric Lapointe ingurgite tellement de café dans une journée qu’il le coupe avec du décaféiné pour en adoucir les effets.

Cette minisérie documentaire de Crave amène les fans directement dans l’intimité de l’artiste montréalais, notamment dans sa salle de bains, où il se livre sans filtre et avec beaucoup d’autodérision.

La caméra le filme alors qu’il nettoie ses célèbres vestes de cuir sans manche, toujours sèches et tachées de sueur après un spectacle, qu’il traite avec un produit protecteur spécial. Comme le recommandait tout vendeur chez Aldo en 2007.

PHOTO FOURNIE PAR CRAVE

Un jeune Éric Lapointe, montré dans la minisérie documentaire

« Ti-Cuir nourrit sa cuirette », dit-il en rigolant, en passant un chiffon sur son accessoire mode fétiche, qu’il enfile par-dessus un t-shirt noir et « cinq livres de bijoux ». Ses cheveux ? Il les teint. « Je triche, je vais les laisser grisonner plus tard », dit-il, avant de se faire deux ou trois « pschitt » d’huile de CBD dans la bouche. « J’ai l’air d’un cartoon », ajoute-t-il en riant.

Les fans de Lapointe connaissent autant ses frasques que ses triomphes. Emprisonnement en République dominicaine pour possession de cocaïne en 2002, coma de 12 jours en 2009, multiples cures de désintoxication et, surtout, un catalogue garni de succès qui transpercent les générations : Terre promise, Mon ange, Loadé comme un gun ou Marie-Stone.

Parlant de Marie-Stone, la vraie, elle s’appelle Marie-Pièr Allard et elle revient sur sa relation tumultueuse avec Éric Lapointe, qu’elle a fréquenté entre 1989 et 1993, avant qu’il sorte son premier disque, Obsession.

Marie-Pièr avait un cercle d’amis universitaires, Éric se tenait avec des bums. Marie-Pièr l’a initié à la littérature et a longtemps payé ses factures, Éric l’a trompée au moins deux fois, ce qui a mené à leur rupture et à l’écriture du classique Marie-Stone.

Trois autres ex-conjointes témoignent également de leur vie amoureuse avec le rockeur, qui a d’abord été vu comme une copie de Bon Jovi. Ces confessions conjugales façonnent la portion la plus intéressante et la plus nouvelle du documentaire de Crave.

PHOTO FOURNIE PAR CRAVE

Éric Lapointe et sa mère, Doris

Ancienne complice de Julie Snyder chez Productions J, la productrice de télé Marie-Pier Gaudreault a été avec Lapointe de 2002 à 2007 et ils se sont mariés aux îles Turquoise. Leur lune de miel à Las Vegas a cependant été un désastre, car « Éric était tout le temps saoul » et il a même dû être réanimé dans sa chambre d’hôtel.

Ce n’est pas un mythe : avec Éric Lapointe, on ne se couchait jamais avant 9 h ou 10 h le matin, rappelle Marie-Pier Gaudreault. Et ça lui prenait trois, quatre, cinq vodkas-sodas au réveil pour l’empêcher de trembler comme une feuille.

La mère des deux fils d’Éric Lapointe, Mélanie Chouinard, ne révèle rien de fracassant, en tout cas rien d’aussi érotico-épicé que dans l’étrange roman de Marc Fisher, La femme qui aimait trop, fortement inspiré du couple formé par Mélanie et Éric entre 2008 et 2012.

Les enfants de Lapointe, Christophe-Arthur et Édouard, qui ont aujourd’hui 14 et 13 ans, apparaissent dans la minisérie, mais parlent très peu à la caméra.

Malgré son immense popularité, Éric Lapointe traîne encore des dettes et il a déjà fait faillite. « J’ai flaubé en masse », souligne la rockstar, qui a toujours aimé les mots croisés et le backgammon.

Son conflit avec sa première étiquette de disques (Gamma) l’a lessivé. « Je me faisais enculer et je payais la vaseline », déplore Éric Lapointe dans la même langue que celle utilisée dans la chanson Tendre fesse, parue sur l’album À l’ombre de l’ange en 1999.

Avec le recul, Lapointe reconnaît que Tendre fesse « n’était pas de la grande poésie ». Par contre, le tournage du vidéoclip au bar de danseuses Solid Gold, dans le nord de Montréal, a été épique. La moitié de la salle était gelée ou sur la brosse, se souvient Éric Lapointe, qui a sûrement recommencé deux fois cette même histoire (de bar), en évitant d’inviter les vautours, bien sûr.

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