Manifestation intersyndicale | Des dizaines de milliers de personnes contre le gouvernement Legault

« La CAQ vire à droite, on vire la CAQ ! » Des dizaines de milliers de personnes ont fait entendre leur grogne contre le « virage à droite » du gouvernement Legault et sa réforme du régime syndical, samedi au centre-ville de Montréal.
Publié à
8 h 42
Mis à jour à
16 h 58
Tambours, slogans et trompettes ont résonné le long du boulevard René-Lévesque, devant la place du Canada, où débutait la marche. L’artère était bondée de milliers de manifestants brandissant affiches et drapeaux.
Ils étaient plus de 50 000, selon la CSN, qui organisait le rassemblement aux côtés d’autres syndicats et de groupes communautaires.
L’ambiance était festive, mais le mécontentement était aussi palpable. « La CAQ, j’y mets une sale claque », pouvait-on lire sur l’affiche d’un des manifestants.
La foule dénonçait notamment les compressions dans les services publics et le sous-financement des programmes sociaux. Selon Geneviève Lamarche, coordonnatrice de l’organisme Coalition solidarité santé, la CAQ gouverne à partir d’une « tour d’ivoire » et « ne comprend pas ce qui se passe sur le terrain ».
« Sur le terrain, les gens sont de plus en plus pauvres, ils n’arrivent plus à payer leur loyer, ils n’ont pas accès à des services, et les organismes communautaires sont de plus en plus étouffés », a-t-elle déploré, en marge de la marche.
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PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE
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« Virage à droite »
Les regroupements syndicaux reprochent au gouvernement de François Legault de « s’engager dans un virage à droite qui met en péril le Québec que des générations ont bâti ensemble ».
Les centrales syndicales dénoncent notamment le projet de loi 3, cette réforme proposée par le ministre du Travail, Jean Boulet, qui veut rendre une partie des cotisations syndicales facultatives et imposer des états financiers vérifiés, même aux petits syndicats, amputant ainsi leur budget de fonctionnement de plusieurs milliers de dollars.
Les cotisations facultatives serviraient à financer à l’avenir d’autres activités que la défense des travailleurs, par exemple l’organisation de manifestations ou la contestation judiciaire de lois. Le projet de loi prévoit aussi que les syndicats devront tenir un vote sur une période de 24 heures quand viendra le temps d’autoriser une grève ou de signer une convention collective.
PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE
Le ministre du Travail, Jean Boulet
Cette réforme n’a « pas de bon sens », selon Stéphane Laporte, représentant syndical de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ), venu manifester avec des collègues.
Les coupes effectuées par la CAQ affectent d’abord les plus vulnérables, selon Françoise Gauthier, secrétaire à la direction de la CSN. Son conjoint, qui est en perte d’autonomie, s’est cassé un bras récemment, a-t-elle expliqué.
« On devait avoir de l’aide du CLSC, mais il n’y en a pas pour nous. Si on veut que les personnes âgées restent chez elles le plus longtemps possible, il faut financer les services à domicile », s’est-elle exclamée.
Les manifestants ont répondu à l’appel des quatre centrales – Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Confédération des syndicats nationaux (CSN), Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et Centrale des syndicats démocratiques (CSD) – ainsi que de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec.
Baisser le ton ? Pas question
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PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE
Le départ de la marche a été donné place du Canada, au centre-ville de Montréal.
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Le cortège a pris la direction du bureau du premier ministre François Legault, rue Sherbrooke Ouest. Une fois devant l’immeuble, neuf leaders syndicaux se sont succédé au micro, dont la présidente de la FTQ, Magali Picard.
« À ceux et celles qui n’aiment pas mon ton : mon ton va changer quand les attaques vont cesser », a-t-elle lancé devant l’immense foule qui remplissait l’avenue McGill College. Elle faisait référence aux commentaires du ministre Jean Boulet, qui lui a reproché dans les médias son ton « belliqueux », cette semaine.
PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE
Magali Picard
Magali Picard a accusé le gouvernement Legault de vouloir museler les syndicats, mardi, lors de l’étude du projet de loi 3 en commission parlementaire. Dans un geste rare, elle a même refusé de serrer la main de Jean Boulet.
Après son passage en commission, Magali Picard a affirmé que la grève sociale pourrait être l’ultime solution des syndicats contre le projet de loi, à l’heure où la CAQ crée un climat relevant « quasiment de la dictature », selon elle.
Jean Boulet, lui, assure que sa réforme est plus démocratique que ce que les syndicats laissent entendre.
« L’objectif n’est pas de museler comme souvent on m’accusait de vouloir le faire, c’est de donner la capacité aux travailleurs qui doivent payer une cotisation syndicale d’influencer et de s’exprimer », a-t-il affirmé mardi.
Avec la collaboration d’Hugo Pilon-Larose, La Presse



