1934-2025 | Brigitte Bardot n’est plus

(Paris) Vedette planétaire, icône féminine du cinéma puis pasionaria de la cause animale coutumière des sorties polémiques : l’actrice française Brigitte Bardot s’est éteinte dimanche à l’âge de 91 ans, longtemps après avoir tiré un trait sur la célébrité et le monde du 7e art.
Publié à
6 h 40
« La Fondation Brigitte Bardot annonce avec une immense tristesse le décès de sa fondatrice et présidente, Madame Brigitte Bardot, actrice et chanteuse mondialement reconnue, qui a choisi d’abandonner sa carrière prestigieuse pour dédier sa vie et son énergie à la défense des animaux et à sa Fondation », indique-t-elle dans un communiqué transmis à l’AFP.
L’actrice de « Et Dieu… créa la femme » et du « Mépris » est morte dimanche matin dans sa célèbre résidence de La Madrague à Saint-Tropez, dans le sud de la France, a précisé la fondation à l’AFP.
« Nous pleurons une légende du siècle », a réagi le président Emmanuel Macron sur X. La ministre de la Culture, Rachida Dati, a salué sur le même réseau social une « icône parmi les icônes, tellement libre et tellement française finalement ».
La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen, leader du parti Rassemblement national avec lequel Brigitte Bardot ne cachait pas sa proximité, a quant à elle rendu hommage à une femme « incroyablement française : libre, indomptable, entière ».
Ces dernières années, Brigitte Bardot, qui avait incarné la libération des mœurs dans la France des années 1950, se distinguait surtout par ses déclarations sur la politique, l’immigration, le féminisme, les chasseurs… dont certaines lui ont valu des condamnations pour injure raciale.
PHOTO PAT MORIN, ARCHIVES BLOOMBERG
Brigitte Bardot avait incarné la libération des mœurs dans la France des années 1950
« La liberté, c’est d’être soi, même quand ça dérange », proclamait-elle, bravache, en exergue d’un livre intitulé « Mon BBcédaire », sorti début octobre chez Fayard.
Avant de faire parler d’elle pour ses prises de position, celle qu’on surnommait par ses initiales B.B. ne fut rien de moins qu’un mythe.
Celui d’une femme affranchie, des codes moraux, vestimentaires, amoureux et sexuels et… de ce qu’on attendait d’elle. Une femme qui n’avait « besoin de personne », comme lui faisait chanter Serge Gainsbourg en 1967, connue à Cannes comme sur les plages brésiliennes.
Deux scènes de légende
Brigitte Bardot fut une sorte de Marilyn Monroe à la française, blonde comme elle, à la beauté explosive et à la vie privée tumultueuse, poursuivie par les paparazzi.
Marilyn était « une femme qui a été exploitée, que personne n’a comprise, qui en est morte du reste », se souvenait Bardot, qui l’avait rencontrée en 1956.
Une erreur qu’elle ne reproduira pas en prenant la tangente à 39 ans, laissant derrière elle une cinquantaine de films et deux scènes entrées dans la légende : un mambo enfiévré dans un restaurant de Saint-Tropez (Et Dieu… créa la femme, 1956) et un monologue où elle énumérait, nue, les différentes parties de son corps, en ouverture du Mépris (1963).
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Brigitte Bardot en 1956
Rien ne prédestinait la jeune Brigitte à ce destin : née dans une famille bourgeoise parisienne en 1934, elle se passionne pour la danse et s’essaie au mannequinat. Elle épouse à tout juste 18 ans son premier amour, Roger Vadim, qui lui confie le rôle de Juliette dans « Et Dieu… créa la femme », qui va bousculer l’ordre établi et lui coller l’étiquette de sex-symbol.
Face au succès du film, elle enchaîne les tournages, déchaîne les passions et se brûle aux feux de la rampe.
En 1960, au faîte de sa gloire, elle accouche d’un garçon, Nicolas, son seul enfant, sous l’œil inquisiteur de la presse. Une expérience traumatisante. Se disant dénuée d’instinct maternel, l’actrice laisse son mari Jacques Charrier élever leur fils.
Elle épousera ensuite le séducteur et millionnaire allemand Gunter Sachs puis l’industriel Bernard d’Ormale, proche du Front national.
Bébés phoques
Elle devient alors une autre Bardot, figure de la cause animale. Le déclic a lieu face à une chèvre sur le tournage de son dernier film, « L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise » (1973), qu’elle achète et installe dans sa chambre d’hôtel.
Défense des éléphants, opposition aux abattages rituels, à la corrida ou à la consommation de viande de cheval… le combat ne fait que commencer.
Elle se rend sur la banquise en 1977 pour alerter sur le sort des bébés phoques, une séquence ultra-médiatisée qui fera la une de Paris Match et lui laissera des souvenirs amers.
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Brigitte Bardot montre un exemplaire de 1969 du magazine français Paris Match, à Genève, le 5 décembre 2005.
L’essentiel de sa deuxième vie se déroule à l’abri des regards, dans le sud, entre La Madrague et une deuxième résidence plus discrète, La Garrigue. C’est là qu’elle recueillait des animaux en perdition et gérait la fondation à son nom, créée en 1986.
Dans une entrevue accordée en mai à la chaîne d’info BFMTV, elle confiait avoir envie « de la paix, de la nature » et vivre « comme une fermière », avec ses animaux, sans « portable, ni ordinateur ».
En novembre, après des informations de presse faisant état d’une deuxième hospitalisation en quelques semaines, Brigitte Bardot avait tenu à rassurer sur son état de santé.
Évoquant la mort, elle avait prévenu vouloir éviter la présence « d’une foule de connards » à son enterrement, souhaitant une simple « croix en bois » au-dessus de sa sépulture, dans son jardin. Comme pour ses animaux.




