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Le code de conduite des épiciers fera-t-il baisser votre facture?

Au cœur des discussions depuis de nombreuses années, le code de conduite des épiciers entrera en vigueur le 1er janvier à travers le Canada.

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Un bureau aura désormais le mandat de régler les litiges entre les différentes épiceries et leurs fournisseurs.

«Il y a beaucoup de chicanes au sein de l’industrie. On ne s’entend pas sur les termes contractuels. Souvent, les bannières imposent leur loi. Elles ont énormément de pouvoir et depuis des années, on augmente les frais parce que dans le domaine agroalimentaire, il faut payer son client. Donc, Pepsi va payer Loblaws. McCain, Lassonde, Maple Leafs payent Loblaws, Metro, Sobeys pour faire affaire avec. Il y a des frais de listing, il y a des frais de marketing, de dépliants, etc.», a expliqué le spécialiste de l’industrie agroalimentaire et professeur invité à l’Université McGill, Sylvain Charlebois, en entrevue à LCN.

«Souvent, on va imposer des frais à la dernière minute. Ce n’est pas dans les budgets des fournisseurs. Alors ce qui arrive souvent, c’est que les fournisseurs augmentent leurs prix pour justement absorber les frais supplémentaires qui arrivent de façon très aléatoire et à la dernière minute. Et tout ça fait en sorte que ça augmente les prix au détail», a-t-il ajouté.

L’entrée en vigueur du code de conduite des épiciers vise donc à corriger cette situation.

«Ce qu’on souhaite vraiment, c’est que le code va stabiliser l’inflation alimentaire. On ne verra plus de 5%, 6% ou 7% [à cause] des chicanes qu’on retrouve souvent au sein de la chaîne alimentaire. Ce sont des chicanes qu’on ne voit pas souvent, mais qui nous affectent énormément», souligne M. Charlebois.

Il ne faudra toutefois pas s’attendre à une baisse des prix dès janvier, prévient l’expert.

Ce code de conduite n’a pas été mis en place pour réglementer les prix, mais plutôt pour discipliner l’industrie alimentaire. L’objectif est donc de stabiliser les prix en réduisant la quantité et la taille des fluctuations de prix.

«Je suis pas mal certain que la plupart des gens se sont rendu compte que les prix souvent vont fluctuer de 10%, 15%, voire 20% en quelques mois. Mais avec moins de chicanes et moins de tensions au sein de la chaîne, on diminue le pouvoir que les bannières ont et on permet aux fournisseurs de percer le marché», affirme le spécialiste de l’industrie agroalimentaire.

«Il y a beaucoup de fournisseurs qui ont dû fermer leurs portes depuis les dernières années [à cause] de la loi imposée par les bannières qui étouffent plusieurs fournisseurs qui n’ont pas les moyens de payer plus pour faire affaire avec les bannières. Alors, on donne non seulement une chance aux fournisseurs de percer et de calmer les choses au niveau des prix, mais on permet à de petits fournisseurs de percer et d’avoir une chance de nous offrir plus de choix. Et lorsqu’on a plus de choix, il y a plus de compétition et les prix éventuellement diminuent», ajoute-t-il.


Capture d’écran LCN

Un code qui manque de mordant?

Sylvain Charlebois a suivi avec beaucoup d’attention l’évolution des discussions entourant ce code de conduite au cours des dernières années. La version qui entrera en vigueur le 1er janvier sera d’ailleurs la 11e de ce code.

«Quand on compare la version numéro 1 avec la version numéro 11, on n’est plus à la même place. À mon avis, on n’a plus vraiment un code de conduite, on a vraiment plus un code d’éthique. La différence, c’est qu’un code de conduite va sévir sur les décisions, tandis qu’un code d’éthique va sévir sur le comportement. Puis je pense que l’influence du code n’est pas aussi importante qu’[elle ne l’]était avec la première version», indique-t-il.

Comme plusieurs consommateurs, M. Charlebois se positionne d’ailleurs du côté des sceptiques quant à l’efficacité du code de conduite.

«Si Walmart ou Loblaws reçoivent une amende du bureau, est-ce qu’ils vont payer, est-ce qu’ils vont écouter finalement? C’est ça qui est la question. Puis c’est là qu’on va le voir. En 2026, on va le voir. On va le voir si vraiment tout ça tient la route. En ce moment, on a de l’espoir, mais si tout d’un coup, on voit qu’il y a des bannières qui se foutent carrément du bureau, qui se foutent carrément du code, bien là, on revient à la case un», résume l’expert.

«Si ça ne fonctionne pas, j’ai l’impression qu’Ottawa va décider peut-être de considérer un code obligatoire. Puis, c’est ce que je souhaite. Mais pour l’instant, on souhaite à tout le monde que ça fonctionne», ajoute Sylvain Charlebois.

Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.

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