Mouvement Desjardins | Un PDG pour développer

Denis Dubois est devenu officiellement le nouveau PDG du Mouvement Desjardins le 2 septembre dernier, mais tout juste avant son entrée en fonction, il finalisait l’acquisition au prix de 1,67 milliard du Guardian Capital Group, une firme de gestion d’actifs de Toronto. Le nouveau patron croit qu’il y a toujours de la place pour l’expansion.
Publié hier à 7 h 30
Le 28 août, cinq jours avant d’occuper ses nouvelles fonctions de président du Mouvement Desjardins, Denis Dubois avait toujours son chapeau de premier vice-président, gestion de patrimoine et assurance de personnes lorsqu’il a finalisé l’acquisition de Guardian Capital Group.
Selon le principal intéressé, il s’agit d’une transaction significative qui permet au Mouvement Desjardins d’augmenter de façon importante sa taille au sein des sociétés qui gèrent des actifs au Canada.
Les 160 milliards d’actifs de Guardian Capital Group viendront s’ajouter aux 120 milliards dont disposait déjà Desjardins pour totaliser 280 milliards d’actifs sous gestion pour l’institution qui va joindre le top 10 au Canada.
« Ma nomination comme successeur de Guy Cormier à la présidence a été annoncée le 2 juin dernier. On a pris l’été pour préparer la transition, mais il fallait finaliser l’acquisition de Guardian Capital », relate bien humblement Denis Dubois, que le grand public va apprendre à connaître.
Parce que pour l’instant, même s’il a occupé des fonctions importantes au sein de Desjardins qui ont permis au mouvement coopératif d’accroître sa présence à l’extérieur du Québec, Denis Dubois reste un inconnu pour la majorité des gens.
Natif de Rouyn-Noranda, Denis Dubois a étudié l’actuariat à l’Université Laval avant de travailler dans le secteur de l’assurance de dommages et de se joindre à Desjardins Assurance, en 2003.
« J’ai tout fait. De la stratégie à la gestion des insatisfactions, les réclamations, le marketing, j’ai fait du développement à Toronto durant deux ans. Guy [Cormier] m’a nommé premier vice-président, assurance de dommages, en 2016 et j’ai joint le comité de direction », résume Denis Dubois.
Durant ces années dans l’assurance, Denis Dubois réalise une audacieuse transaction en offrant à State Farm, le géant américain de l’assurance, d’acquérir sa division canadienne.
« Ça a commencé par un appel téléphonique aux États-Unis en 2012 et ça a fini par l’acquisition de la division canadienne de State Farm en 2014. Ça ne représentait que 3 % de leurs revenus, mais pour nous, c’était majeur. On est passés de 40 % à 60 % de nos revenus annuels qui provenaient de l’extérieur du Québec », explique Denis Dubois.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Le patron de Desjardins, Denis Dubois, en discussion avec le chroniqueur Jean-Philippe Décarie
Aujourd’hui, Desjardins Assurance de dommages est le numéro 3 au Canada, derrière Intact et Aviva, et les revenus qui proviennent de l’extérieur du Québec représentent maintenant 70 % des revenus totaux de cette division.
De la place à l’expansion
En 2019, Denis Dubois s’est fait confier la direction de la division Gestion de patrimoine et Assurance de personnes, une unité qui est porteuse de croissance, selon le nouveau PDG.
« On a une part de marché de près de 20 % au Québec, mais on est bien placés pour l’augmenter. Il y a des opportunités de croissance. On a jumelé nos services de gestion de patrimoine à notre vingtaine de centres Desjardins Entreprises. Il y a aussi des acquisitions à faire dans le reste du Canada », souligne Denis Dubois.
Premier président et chef de direction à ne pas avoir été élu par les membres, mais qui a été plutôt nommé par le conseil d’administration, le nouveau PDG ne sent pas de pression particulière à inaugurer cette nouvelle ère au sein du mouvement coopératif.
« Je suis le premier nommé, je dois livrer », résume le PDG en riant, mais il insiste sur le fait que les cinq secteurs d’activité de Desjardins sont performants : les services au détail, les services aux entreprises, l’assurance de dommages, la gestion du patrimoine et l’assurance de personnes.
Le mouvement coopératif a franchi la marque des 500 milliards d’actifs et a redonné l’an dernier 557 millions sous forme de ristournes aux membres ou à la communauté.
Et Desjardins est en voie de clore le douloureux chapitre de fuite massive de données qui est survenue en 2019 alors que les remboursements des 200 millions qui ont été obtenus dans un recours collectif prendront fin le 20 octobre prochain.
« C’est un processus qui a duré trois ans. On a dédommagé nos membres qui ont été victimes de fraude bien après la fuite de données. On investit massivement dans la sécurité, mais il faut chaque jour être aux aguets », concède Denis Dubois.
Desjardins consacre 300 millions par année pour ses besoins de sécurité et compte sur une équipe de 1800 personnes. Le groupe emploie plus de 55 000 personnes.
« On est une coop financière. Notre mission, c’est de répondre aux besoins et aux attentes de nos membres, tout en étant performant si on veut livrer nos 557 millions de ristournes. Performant parce que nos membres nous demandent cinq choses : d’être simple, compétitif, sécuritaire, personnalisé et accessible », insiste le nouveau PDG.




