Préavis de grève des pilotes d’Air Transat | « Le cauchemar qui recommence »

Le syndicat représentant les pilotes d’Air Transat a déposé dimanche un préavis de grève, qui pourrait être déclenchée à partir du mercredi 10 décembre. De nombreux voyageurs nous ont fait part de leur inquiétude, voyant une grève se profiler à l’horizon, quelques mois seulement après celle chez Air Canada.
Publié à
8 h 48
Mis à jour à
14 h 58
« L’annulation des vols débutera progressivement le 8 décembre avant une cessation complète le 9 décembre », précise le transporteur à l’étoile bleue dans un communiqué.
Les perturbations continueront « jusqu’à ce qu’une entente soit conclue ».
« On est en gestion de crise », dit en soupirant Éric Boissonneault, vice-président de l’Association des agents de voyages du Québec, en entrevue avec La Presse, dimanche matin.
Pour le moment, les vols opèrent tous comme prévu ce lundi, précise-t-il. « Mais la problématique, c’est ceux qui sont déjà à destination et qui reviennent en milieu de semaine. »
Il dit recevoir des appels depuis 8 h dimanche pour échanger des billets de voyageurs inquiets.
« En raccrochant avec vous, je vais réserver pour des gens qui revenaient de la Floride et qui ne veulent pas prendre de chance parce qu’ils ont des rendez-vous médicaux au Québec », illustre-t-il.
Suivez l’état des vols sur le site d’Air Transat
Des voyageurs inquiets
De nombreux lecteurs nous ont écrit pour nous faire part de leur inquiétude.
Pour Christine Samuel, « c’est le cauchemar qui recommence ». Elle avait déjà subi la grève d’Air Canada l’été dernier. Bloquée en France en août, elle a dû prendre un billet aller-retour avec Air Transat pour revenir au Québec. Elle a donc prévu un retour afin de repartir en France le 13 décembre, soit au début de la possible grève d’Air Transat.
« Encore l’impression d’être otage d’un système de négociation déficient où les passagers sont des vaches à lait », nous écrit-elle.
Richard Adam, lui, pourrait devoir débourser 4400 $ pour revenir avec sa femme de Malaga, en Espagne, avec Air Canada – alors que leurs billets avec Air Transat leur ont coûté 900 $ pour deux, pour un vol initialement prévu le 12 décembre. « Nous sommes inquiets », nous confie-t-il.
Nicole Simard, quant à elle, a décidé de ne pas prendre de risque et a opté pour un crédit de voyage pour son billet prévu initialement le 10 décembre avec Air Transat. Elle a réservé un vol pour le 12 décembre avec Air Canada afin de rejoindre sa famille à Cuba. « Nous dormirons mieux ce soir », a-t-elle souligné.
Un crédit offert dans certains cas
Si vous voyagez d’ici le 12 décembre inclusivement, vous pouvez annuler dès maintenant votre réservation si vous le souhaitez grâce au formulaire sur le site d’Air Transat et obtenir un crédit valable 12 mois.
Si vous voyagez le 13 décembre ou après, les modalités habituelles de modification ou d’annulation de votre billet s’appliquent.
Si vous avez réservé auprès d’une agence de voyages, Éric Boissonneault recommande fortement de communiquer avec celle-ci.
Si vous aviez une réservation et que celle-ci est annulée, un nouveau billet sur un prochain vol disponible vous sera proposé par Air Transat dans les 48 heures suivant l’heure de départ initiale – si cette option existe. Les voyageurs auront le choix d’opter pour cette option ou pour un remboursement.
Si votre vol est annulé et que vous trouvez un billet avec un autre transporteur dans les 48 heures suivant l’heure de départ initiale, Air Transat remboursera la différence de prix, promet le transporteur à l’étoile bleue.
Pour les personnes voyageant en forfait, déjà à destination et dont le séjour devrait être prolongé, la compagnie aérienne couvrira « tous frais additionnels encourus », mais « toute perte liée à des éléments non utilisés ou à des activités achetées auprès d’un fournisseur tiers ne serait pas remboursée », précise-t-elle.
Une grève « peu probable » ?
Malgré le préavis, Mehran Ebrahimi, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile, continue de penser qu’il est « très peu probable » qu’une grève ait lieu.
PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE
Mehran Ebrahimi, professeur à l’UQAM et directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile
« À mon avis, il va y avoir une entente. Le coût de la grève va être certainement supérieur au coût d’une augmentation salariale [des pilotes] », avance-t-il.
S’il y a une grève, ce serait catastrophique pour la compagnie. Air Transat n’a pas les reins assez solides pour supporter ça.
Mehran Ebrahimi, professeur à l’UQAM et directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile
La convention collective actuelle est échue depuis avril dernier. Signée en 2015, elle a été prolongée à deux reprises. La première fois, lors de la tentative infructueuse de fusion avec Air Canada, et la seconde, au moment des efforts visant à relancer la compagnie aérienne à la suite de la pandémie de COVID-19.
« Les pilotes visent à obtenir des salaires, des conditions de travail et une qualité de vie conformes aux normes de l’industrie », souligne l’Association internationale des pilotes de ligne (ALPA), dont fait partie le syndicat représentant les pilotes d’Air Transat.
« Aucun pilote ne souhaite faire la grève, mais la direction d’Air Transat ne nous a pas laissé le choix », affirme le commandant Bradley Small, président du Conseil exécutif supérieur (CES) d’Air Transat. « À moins que des progrès significatifs soient réalisés à la table de négociation, nous débrayerons s’il le faut. »
Les négociations se poursuivent
Air Transat affirme pour sa part avoir déposé une offre incluant « une augmentation salariale de 59 % sur cinq ans » et « des avancées majeures aux conditions de travail de ses pilotes ».
« Les demandes du syndicat sont jugées déraisonnables et leurs actions prématurées sont lourdes de conséquences », déplore la compagnie aérienne.
En attendant, les négociations entre le syndicat et Air Transat vont bon train, soulignent les deux parties.
« Air Transat croit qu’une entente demeure possible et travaille sans relâche pour trouver une solution et éviter une grève de ses pilotes », souligne le transporteur.
« Il est encore temps d’éviter une grève », précise le commandant Small.
Pierre Karl Péladeau, au nom de Financière Outremont Inc. – qui détient près de 10 % des actions de Transat –, s’est offert comme médiateur avec les pilotes et la direction pour parvenir à une entente.
« La direction doit régler le renouvellement de la convention collective avec ses pilotes afin d’éviter l’implosion de notre voyagiste », a-t-il martelé dans un communiqué.
Avec La Presse Canadienne
Consultez le site d’Air Transat




