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Crise au PLQ | Pablo Rodriguez et le « scénario Carney »

Le leadership est quelque chose d’intangible et donc difficile à définir. C’est basé sur une perception : tu l’as ou tu ne l’as pas. Et le Parti libéral du Québec (PLQ) semble en voie de conclure que, malheureusement, Pablo Rodriguez ne l’a tout simplement pas.


Publié à
7 h 00

Le principal problème de M. Rodriguez, c’est qu’il semble totalement incapable de gérer la crise provoquée par l’ancienne cheffe parlementaire Marwah Rizqy, qui a congédié sa cheffe de cabinet, Geneviève Hinse.

Tout le monde admet que Mme Rizqy aurait dû en parler à son chef et s’expliquer sur le « fling-flang » qu’elle reprochait à Mme Hinse. Mais rien ne peut justifier la lamentable gestion de crise qui a suivi.

Il est vrai que Mme Rizqy n’a pas aidé le PLQ en gardant le silence depuis le congédiement de la cheffe de cabinet qui lui avait été imposée par M. Rodriguez.

Mais le point de presse où M. Rodriguez a annoncé à la fois l’expulsion de Mme Rizqy et le retour de Mme Hinse était tout sauf de la bonne gestion de crise. La mine d’enterrement des députés présents en disait long sur leur appréciation du moment.

Depuis, beaucoup de militants le critiquent ouvertement et, dans une chronique dans The Gazette, Robert Libman – l’ancien chef du Parti Égalité qui reste influent dans la communauté anglophone – a affirmé qu’il devait démissionner⁠1.

Il rappelait que quand M. Rodriguez avait exclu Mme Rizqy du caucus la semaine dernière, il avait déclaré que personne ne doit être plus grand que le parti. Il devrait maintenant suivre son propre conseil et partir, a écrit M. Libman.

Mais faire partir un chef qui décide de s’accrocher n’est pas simple. D’abord, les travaux de l’Assemblée nationale cessent vendredi et ne reprendront qu’en février.

Bien des militants libéraux auraient voulu que les députés déclenchent une fronde. Mais personne dans le caucus n’a envie de porter l’odieux d’être le premier à suggérer au chef de démissionner.

De plus, les libéraux les plus en vue ont été nommés à des fonctions parlementaires par M. Rodriguez, ce qui implique un devoir de réserve.

Quant aux militants, leurs moyens d’exprimer leur insatisfaction sont limités. Le prochain conseil général n’est prévu qu’au printemps. Un groupe de militants libéraux voulait forcer la tenue d’un conseil général extraordinaire, ce qui implique un vote de confiance, mais ils n’ont pas été entendus.

Ces derniers jours, on apprenait qu’un autre groupe de militants libéraux fait circuler une pétition par courriel pour obtenir « la démission de Pablo Rodriguez comme chef du PLQ ».

Mais pendant tout ce temps, ce qui nuit le plus à Pablo Rodriguez, c’est que, depuis son arrivée comme chef, le Parti libéral non seulement ne progresse pas dans les sondages, mais recule de façon significative.

Presque tous les jours, de nouvelles révélations sur la campagne à la direction du PLQ font les manchettes et plus personne au Québec ne pense à un petit gâteau au chocolat quand il entend le mot « brownie ».

Bien des militants savent que le PLQ est en train de perdre de précieuses occasions de faire parler de lui pour les bonnes raisons. Au moment où on entre dans l’année électorale, les députés libéraux devraient utiliser la tribune qu’est l’Assemblée nationale pour parler de leurs propositions.

En lieu et place, ils passent beaucoup de temps à commenter les dernières révélations sur le « fling-flang » qui sévissait dans la course au leadership et qui rappellent l’histoire encore récente du PLQ, de la commission Charbonneau et du « financement sectoriel ».

Pas étonnant que le PLQ ait perdu six points en un mois selon le plus récent sondage Léger et qu’il ne récolte désormais plus que 21 % des intentions de vote.

Chez les francophones, la situation n’a jamais été aussi périlleuse pour les libéraux : ils se retrouvent à 10 % des intentions de vote, derrière le Parti conservateur du Québec et pratiquement à égalité avec Québec solidaire au dernier rang. Et il y a 52 % des personnes interrogées qui n’ont pas confiance en Pablo Rodriguez pour rebâtir le PLQ⁠2.

Si ces perceptions ne changent pas rapidement, la grogne contre Pablo Rodriguez ne va aller qu’en s’intensifiant. Pour plusieurs, « Pablo vit sur du temps emprunté », tant il est évident qu’une contestation ouverte de son leadership l’attend au retour du congé des Fêtes.

D’autant qu’il reste relativement peu de temps avant les prochaines élections, mais quand même assez pour changer de chef si nécessaire.

« Mark Carney a prouvé que c’était possible de faire une campagne au leadership rapidement, avec peu d’argent, et, surtout, de faire remonter le parti et le placer en position de gagner l’élection », confient des militants libéraux.

C’est évidemment un risque d’essayer de changer de chef en pleine année électorale. Mais l’atmosphère semble suffisamment délétère au Parti libéral du Québec pour que les militants soient tentés par un « scénario Carney ».


1. Lisez la chronique de Robert Libman dans The Gazette (en anglais)


2. Consultez le sondage Léger


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