«C’est la goutte qui fait déborder le vase!»: des commerçants ne décolèrent pas du report de l’ouverture du Mont-Saint-Anne

Des commerçants de la région de Beaupré en ont plus qu’assez de la «négligence» de l’opérateur de la station de ski du Mont-Sainte-Anne et anticipent les impacts du report de son ouverture en début de saison.
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«Je pense que c’est la goutte qui fait déborder le vase, résume le copropriétaire de la Brasserie des Monts, à Saint-Féréol-des-Neiges, Sylvain Laroche. Je parle à des gens autour de moi qui sont en affaires et qui dépendent de la montagne et ils en ont tous plein leur casque.»
Il voit déjà les conséquences des problèmes à la station de ski sur l’achalandage à sa microbrasserie. Plusieurs clients ne se sont pas présentés vendredi soir au moment où la Régie du bâtiment du Québec annonçait la fermeture des remontées mécaniques de la montagne pour des raisons de sécurité.
Sylvain Laroche est copropriétaire de la Brasserie des Monts, à Saint-Féréol-des-Neiges, près du Mont-Sainte-Anne.
Photo Jean-Philippe Guilbault
«[La montagne] c’est un vrai moteur économique, mais là, c’est un moteur qui prend l’eau», lâche M. Laroche qui cache difficilement sa colère.
Même son de cloche à l’entrée de Beaupré, Chez Bolduc, un restaurant qui accueille habituellement les nombreux skieurs dans la région.
«Avoir eu un coup de poing au visage, ça aurait fait moins mal, illustre le propriétaire du restaurant, Rémi Bolduc. Le mois de novembre, ce n’est jamais facile donc on attend toujours les débuts de la saison de ski avec impatience.»
Rémi Bolduc est propriétaire du restaurant Chez Bolduc au pied du Mont-Sainte-Anne, à Beaupré.
Photo Jean-Philippe Guilbault
C’est surtout l’incertitude quant à l’avenir de la saison de ski alpin qui plombe le moral des commerçants de la région, surtout que le temps des Fêtes est une période cruciale pour les affaires.
«Ce qu’on perd au temps des Fêtes, ça ne se rattrape pas dans l’année, explique Patrice Drouin d’Auberge et Campagne. C’est la période pour le milieu touristique.»
Cette frustration fait écho à celle exprimée en fin de semaine par des abonnés de la station de ski qui se sentent «trahis» par l’opérateur du Mont-Sainte-Anne, Resorts of the Canadian Rockies (RCR).
«Ce qu’on comprend, c’est qu’on a toujours skié sans être en sécurité. Alors je ne sais pas ce qu’on attend, si on attend qu’il y ait des morts, mais il va définitivement falloir que quelqu’un prenne action», a dénoncé France Taschereau, une habituée de la montagne.
Gestion «irresponsable»
De son côté, la députée provinciale de la région, Kariane Bourassa, assure qu’une «cellule de crise» a été mise en place dans ce dossier.
«Tout le monde travaille pour obtenir l’information complète et pour forcer RCR à se conformer le plus rapidement possible, a expliqué Mme Bourassa dans une publication sur les réseaux sociaux. La gestion de la montagne par RCR a été irresponsable. La situation dans laquelle ils placent actuellement nos gens d’affaires, notre industrie touristique et toute la communauté est inacceptable.»
La députée assure également que «rien n’est exclu» et que «toutes les options sont analysées».
L’entrepreneur Sylvain Laroche espère que les décideurs vont cesser de «mettre un genou à terre» face à RCR.
«Ça fait des années que le RCR dit qu’il va faire des investissements et il ne le fait pas. Pourquoi il le ferait plus aujourd’hui?», se demande-t-il.
– Avec la collaboration de Nicolas St-Pierre et d’Élie Duquet de TVA Nouvelles



