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Le Canada nous fait passer pour de gros jambons

Imaginez que votre famille a un billet gagnant pour aller à La poule aux œufs d’or, mais que c’est votre oncle Fernand qui y va. Il arrive là en camisole, avec du poil sur les épaules et quelques cheveux gras. Il fait un rot involontaire en se présentant. Et il choisit l’œuf, même si l’enveloppe contenait quatre fois plus d’argent.

Fernand ferait passer votre famille pour des jambons.

C’est exactement comme ça que je me sens avec Équipe Canada junior depuis le début du Championnal du monde junior au Minnesota.

Et il n’y a rien de patriotique dans cette chronique. J’écrirais la même affaire si j’étais Manitobain.

Sur papier, la puissance mondiale, chaque année, c’est le Canada.

C’est pourquoi depuis le début de ce tournoi, il y a 48 ans en 1977, le Canada a gagné 20 fois et obtenu la médaille d’argent ou de bronze 15 fois.

Si le Canada est une puissance, c’est aussi parce que nulle part ailleurs, autant de monde ne joue au hockey. On est 600 000 joueurs au pays. Seuls les États-Unis s’en approchent.

Déjà gênant contre la Tchéquie

Mais s’il y a une équipe à ce tournoi qui ne peut plus se péter les bretelles, c’est bien le Canada.

Depuis deux ans, la Tchéquie nous élimine en quarts de finale. Eux comptent 40 000 hockeyeurs au pays.

L’an dernier, la Lettonie, qui compte moins de 9000 joueurs, nous a battus.

Ça c’était l’boutte. Mais ça devait être rarissime. Une claque dans la face qui nous réveillerait et qui nous remettrait en question.

Bien batinse, on a encore l’air aussi jambon cette année.

L’an dernier, l’équipe était physique, indisciplinée et baveuse. Ç’a gâché leur tournoi.

Dale Hunter à la rescousse

Et là, on arrive avec comme entraîneur le sacro-saint des entraîneurs de hockey junior au pays: Dale Hunter.

Son style lui permet de gagner de gros matchs physiques dans la ligue de l’Ontario. Mais contre la Suède, je me demande ce que ça peut donner. Je ne vois pas beaucoup de différences avec le style de jeu de l’an passé, comme quoi la remise en question semble avoir été plutôt mince à Hockey Canada.


Photo Martin Chevalier

Et là, boum! Je n’en croyais pas mes yeux. Avant le premier match contre la Tchéquie, durant le réchauffement, les joueurs du Canada se mettent à aller narguer les joueurs de la Tchéquie de l’autre côté de la ligne rouge: un double échec, un coup de hockey au gardien, etc.

Comme des jambons. Comment les joueurs du Canada peuvent oser se la jouer arrogante? L’autre club vient de t’éliminer deux ans de suite alors que tu devais les battre facilement et tu oses faire ça?

Bravo capitaine!

En plus, le Canada a gagné le match par la peau des fesses. Le capitaine Porter Martone, qui est loin d’impressionner par son jeu d’ailleurs, a marqué dans un filet désert et est allé écœurer le banc de la Tchéquie. Il a été puni pour conduite antisportive. Comme un jambon.

Et comme des jambons, le Canada a oublié de serrer la main de l’autre équipe après cette victoire plutôt décevante.

Contre la Lettonie, on s’attendait enfin à un réveil. Mais non, ç’a pris une prolongation pour les battre. Et ç’a n’a pas été un match où la Lettonie a été chanceuse comme l’an dernier. C’était vraiment serré.

Ç’a pris une punition de 5 minutes (qui n’en était pas une) aux Lettons pour permettre au Canada de marquer en avantage numérique.

C’était pathétique. Les joueurs du Canada essayaient des passes transversales pour faire des tirs sur réception comme à la patinoire extérieure. Des défenseurs qui ont déjà joué dans la LNH se faisaient battre par de petits Lettons qui ne peuvent même pas rêver d’être repêchés.

La séquence qui représente le mieux ce qu’est en train de devenir cette équipe Canada est arrivée derrière le filet du Canada dès les premiers instants du match.

Les gars de la LNH

Le défenseur Harrison Brunicke a le plein contrôle de la rondelle. Il a joué neuf rencontres avec les Penguins cette année. Et là, le Letton Dimitri Dilevka (qui joue dans une ligue junior en Colombie-Britannique) vient lui voler la rondelle avant d’être capable de revenir devant le but pour prendre un bon tir.

Brunicke pensait se débarrasser du Letton en faisant une petite feinte à la Lane Hutson. Brunicke a l’air de se demander comment cela est possible, et comment un joueur aussi inférieur a pu ainsi oser lui soutirer le disque.

Je ne comprends pas pourquoi ce ne sont pas tous les joueurs d’Équipe Canada qui ont le sentiment d’urgence ou l’orgueil de redorer la réputation de leur pays au hockey.

Certains joueurs ont déjà goûté la ouate de la LNH. Ils ont déjà plein de fric après avoir accepté des ententes dans la NCAA. Ce n’est pas le cas dans tous les autres clubs. Est-ce que ça donne quelques joueurs trop précieux pour tout donner lors de ce tournoi?


Photo Martin Chevalier

Heureusement, Michael Hage ne fait pas partie de ceux-là: il m’impressionne. Caleb Desnoyers non plus n’en fait pas partie. Comme par hasard, il a commencé comme 13e attaquant. Comme par hasard, les entraîneurs ont constaté que son équipe allait être meilleure s’il jouait un rôle plus important…

J’ai toujours été un très grand amoureux de ce tournoi. J’étais pee-wee et je regardais Simon Gagné, Éric Chouinard, Dany Heatley et Jason Spezza. Ça m’attriste tellement de nous voir nous effondrer. Car oui, une victoire chanceuse contre la Lettonie, c’est de l’effondrement.

Peut-être que les autres pays s’améliorent. Mais nous, on a fait quoi pendant ce temps-là? Go Canada Go, quand même. Essayez de nous rendre fiers et non jambons.

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