Ma belle-mère est une sorcière | Potion contre les clichés

Publié hier à 6 h 00
Dans Ma belle-mère est une sorcière, Marilyn Castonguay prête ses traits à Jeanne, une femme excentrique qui débarque par surprise dans la vie de Margot (Juliette Aubé). La jeune adolescente de 12 ans, dont les parents sont en processus de divorce, est convaincue que cette étrangère à la tignasse de feu a ensorcelé son père (Pierre-Yves Cardinal). La passion de la femme pour les herbes et leurs vertus ne peut que lui donner raison, non ?
« Jouer un personnage comme celui-là, ça n’arrive jamais. On est allés très fort dans le look. On n’a pas eu peur de la rendre extravagante. J’ai adoré ça », affirme avec enthousiasme Marilyn Castonguay.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
L’actrice Marilyn Castonguay
Pour se préparer à ce rôle de sorcière, l’actrice a écouté beaucoup de films, mais elle s’est aussi inspirée d’un livre documentaire jeunesse portant sur l’histoire de ces femmes magiciennes qui ont parfois connu une fin tragique.
« C’était des femmes avec un certain pouvoir, une certaine capacité qui nous échappait et qu’on n’était pas capable de comprendre. […] On n’a pas valorisé ça, parce que c’était des femmes », croit Marilyn Castonguay.
« J’aime que le film démystifie la sorcière », ajoute l’actrice, qui faisait également partie de la distribution de Mlle Bottine, précédente production de La Fête.
Histoire de séparation
Le mythe de la sorcière n’est pas le seul que le film s’applique à déconstruire. Celui de la « méchante belle-mère » est aussi revu et corrigé, et ce, malgré le fait qu’une aura de mystère plane autour du personnage de Jeanne. « Tu ne sais jamais de quel bord elle va être. […] Elle n’est ni trop fine ni trop méchante », indique Marilyn Castonguay.
Ce 27e Conte pour tous est le premier à mettre de l’avant la séparation entre deux parents et la formation d’une famille recomposée.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
La réalisatrice Joëlle Desjardins Paquette
Ayant elle-même vécu enfant la rupture de son père et de sa mère, Joëlle Desjardins Paquette s’est sentie vraiment interpellée par ce projet qu’elle désirait « absolument réaliser ». Elle aurait d’ailleurs beaucoup aimé qu’un long métrage traite de ce sujet lorsqu’elle était jeune.
« Quand mes parents se sont séparés, on était deux ou trois dans ma classe seulement à vivre ça. On était un peu montrés du doigt. Je l’ai vécu quand même difficilement. Je me sentais différente », confie-t-elle.
C’est sûr qu’un film comme ça m’aurait sans doute aidée à prendre conscience que, oui, il y a quelqu’un de différent qui entre dans ma famille, mais ça peut aussi être vraiment du bonheur.
Joëlle Desjardins Paquette, réalisatrice
PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
Les coscénaristes Christine Doyon et Dominic James
Les coscénaristes Christine Doyon et Dominic James espèrent également que le long métrage aura un impact positif sur les jeunes vivant la séparation de leurs parents. « Quand on est enfant, ça nous marque, les films. On se projette là-dedans. Ça peut nous aider à mieux naviguer à travers la vie », pense Christine Doyon.
« Je trouve ça important qu’on fasse des films grâce auxquels un jeune peut se dire : “OK, je ne suis pas seul” », ajoute son partenaire au travail comme dans la vie.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE
La comédienne Juliette Aubé
L’interprète de Margot, Juliette Aubé, croit d’ailleurs que l’une des forces du film réside dans le fait que « tout le monde va se reconnaître dans un personnage ou une situation qui arrive ». Dans le long métrage, il est notamment question d’intimidation, de différence et d’acceptation de soi.
Ce dernier aspect est porté, entre autres, par Mme Dolloway (Marc-André Leclair ou Tracy Trash de son nom de scène), un personnage coloré spécialiste de l’occulte qui servira de mentor à la jeune Margot. « La petite doit apprendre à s’accepter, comprendre qui elle est, trouver son identité, trouver sa propre magie en elle », explique le scénariste et producteur Dominic James.
À ses yeux, il était important de trouver pour l’adolescente un mentor « plus grand que nature, qui s’assume, qui est excentrique ». L’idée de ce personnage queer et flamboyant s’est alors imposée.
« Il y avait un désir que tous les personnages soient uniques », résume Christine Doyon. Uniques et loin des clichés.
Ma belle-mère est une sorcière, en salle dès le 10 octobre
Secrets de tournage
Ma sorcière est une belle-mère a été tourné le printemps dernier, notamment à Saint-Bruno-de-Montarville, Châteauguay et Laval. Or, l’action se déroule à l’automne. « Notre directrice artistique avait fait amasser 50 sacs immenses de feuilles d’automne qu’on a entreposés en prévision du tournage, révèle la réalisatrice Joëlle Desjardins Paquette. On a mis des feuilles d’automne un peu partout dans nos plans extérieurs. Il y a aussi des moments où il a fallu qu’on pellette de la neige. »
PHOTO DANNY TAILLON, FOURNIE PAR TVA FILMS
Scène tirée du film Ma belle-mère est une sorcière
Juliette Aubé ne pensait pas vivre une nuit blanche au cimetière. C’est pourtant ce qui s’est produit lorsque le tournage d’une scène s’est un peu trop prolongé. « Il a fait noir trop vite le soir. […] Il manquait des plans. Il a fallu attendre qu’il fasse clair pour les refaire », raconte l’adolescente, qui s’est beaucoup amusée avec ses amies comédiennes Mali Corbeil Gauvreau et Anaïs Céus, également sur le plateau cette nuit-là.
Si vous étiez une sorcière et que vous aviez un seul pouvoir magique, quel serait-il ?
« Je voudrais entendre à travers les murs. J’adore les potins et j’aime savoir ce qui se passe, connaître les points de vue de tout le monde sur une situation qui est arrivée. » – Juliette Aubé
« Faire apparaître un beau repas santé équilibré, tout le temps. » – Marilyn Castonguay
« Que la sensibilité de chacun soit plus assumée et qu’elle soit plus respectée. […] Je pense que ça réglerait bien des conflits si on montrait plus de sensibilité. » – Joëlle Desjardins Paquette




