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«Le retour des beaux jours», «T’as pas changé»: le retour de Vanessa Paradis

L’icône de la pop française Vanessa Paradis lançait vendredi dernier le huitième album de sa carrière, pour lequel une autre icône, son ami Étienne Daho, lui a offert plusieurs chansons, la majorité de couleur soul. L’album s’intitule Le retour des beaux jours : franchement, avec l’actualité des derniers temps, qu’est-ce qu’on a envie d’y croire ! Au bout du fil à Paris, Vanessa Paradis s’amuse d’abord de la remarque, puis la nuance, comme pour ne pas faire de promesses qu’elle ne saurait tenir.

« J’ai préféré l’appeler Le retour des beaux jours plutôt que “Le blocus de la fin du monde” », lâche Vanessa Paradis, une pointe d’exaspération dans la voix, en raison sans doute de l’ambiance planétaire, ou peut-être de l’impasse dans laquelle s’enfonce la politique en France. Ou sinon des questions du journaliste. Nous n’avons pas demandé d’autres clarifications.

« Ce n’est pas une affirmation, ce n’est qu’un titre ! », souligne l’actrice et musicienne en entretien avec Le Devoir. « L’album parle de la vie, de comment est la vie. Un disque — comment dire ? —, c’est un objet artistique, c’est un tas de choses, mais ce n’est pas un journal intime, ni un article de magazine ni une biographie. Et déjà, ce titre, Le retour des beaux jours, c’est une chanson composée par Étienne Daho, que je trouve sublime » et qui dissimule en elle le paradoxe des sentiments exprimés tout au long de ce charnel album.

Il s’ouvre sur Cœur ardent, ses orchestrations de cordes scintillantes comme dans la musique d’un vieux film de Disney, Paradis soufflant « Soudain j’entre dans la lumière / Le souffle court / Le cœur battant » pour retrouver le cœur ardent « Qui a saisi l’insaisissable / La magie de l’inévitable », un autre joli texte de Daho. Après le rythme pop et folk de Bouquet final s’installent avec Trésor les grooves soul qui caractérisent le son de l’album.

Or, la chanson-titre est plus taciturne, plus lente, ses arrangements écrits avec en tête, imagine-t-on, l’ambiance du troisième album de Portishead : « Vague mon amour / Sur la rivière sans retour où tu as plongé / Et j’attends tous les jours / Que reviennent les beaux jours et leurs cieux orangés ». Daho a la plume bien trempée, ici.

En ce mardi après-midi à Paris, Paradis enfile les interviews — aujourd’hui pour la sortie de son premier album en sept ans, et après-demain pour la sortie de la comédie sentimentale T’as pas changé du réalisateur Jérôme Commandeur, attendue sur les écrans français le 5 novembre prochain. « J’ai tellement aimé tourner ce film, avec François Damiens, avec Laurent Lafitte. Et j’étais très touchée que Jérôme me confie à moi ce rôle » d’une femme retrouvant ses camarades de lycée trente ans plus tard, dans ce que le distributeur StudioCanal présente comme une « véritable déclaration d’amour aux années 1990 ». « Je jouais avec trois des hommes les plus drôles de France, et c’est à moi qu’il a donné ce rôle, un challenge. »

Ensuite, l’actrice tiendra un rôle… dans un film d’horreur, est-ce bien cela, Madame ? « Alors, je ne sais pas ce que vous avez entendu dire, mais parlez-vous bien du film de Yann Gonzalez ? C’est un film qui s’appelle J’oublierai ton nom, mais ce n’est pas vraiment un film d’horreur. Gonzalez fait des films très très oniriques, on appelle ça des films de genre, celui-là est très différent du précédent », un suspense intitulé Un couteau dans le cœur (2018), dans lequel Vanessa Paradis tenait le rôle principal. « C’est un metteur en scène que j’admire énormément et avec qui j’adore travailler. »

Une interprète

Faisons un parallèle : Gonzalez a créé le personnage de son prochain film en pensant à Paradis, comme Daho écrit les rimes de ses chansons en pensant à son amie Vanessa. « Écrire une chanson, c’est compliqué, déjà, observe-t-elle. En quelques lignes et en trois minutes, il faut arriver à faire tenir toute une histoire, un sentiment. Je ne dis pas que c’est plus difficile [qu’au cinéma], mais on n’a ni le temps ni la place, il faut être efficace. Et les textes que Daho écrit pour moi, on en a beaucoup parlé : “J’aimerais que tu m’écrives telle histoire, sur tel sentiment”, alors que Gonzalez, lui, quand il écrit, il le fait avec son imagination, et moi, je ne lui demande rien. »

Mais porter à l’écran — ou au théâtre, ce qu’elle a fait pour la première fois en 2021 dans la pièce Maman, écrite et mise en scène par son mari, Samuel Benchetrit —, un rôle imaginé par quelqu’un d’autre et chanter les mots des autres, n’est-ce pas au fond le même métier, celui d’interprète ? « Oui, vous avez raison, je n’avais pas pensé à ça, observe l’artiste. Effectivement, même si ce n’est pas les mêmes techniques — avec le niveau sonore par exemple, en concert j’ai un micro, au théâtre, non —, en tout cas, dans l’interprétation, ce qui est commun dans tout ça, il faut ressentir ce qu’on dit. Et je ne sais pas comment ça se fait. Je ne sais pas si c’est un automatisme, ou si c’est du travail, de l’expérience, ou tout ça à la fois, mais en voulant faire du mieux possible, on ressent ce qu’on dit. »

Vanessa Paradis mijote une tournée pour 2026 ; fera-t-elle escale au Québec ? « Alors franchement, c’est dans mes projets, assure-t-elle. En 2026, ce n’est pas sûr, mais en tout cas, il en est question. Je crois que ça fait depuis 2010 que je ne suis pas venue au Canada » — 2011, au festival Montréal en lumière, pour être exact. « Ça me manque, parce que j’ai souvenir de plein de choses, notamment de concerts. Peut-être en 2027 ? Il est encore trop tôt pour vous en parler, mais en tout cas, j’ai hâte de voir comment je vais travailler ces chansons sur scène. »

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