Les poissons passent d’un appartement 5 1⁄2 à un 1 1⁄2

D’hier matin 7 h 01 à ce soir 19 h 01, la Commission mixte internationale aura déversé, via ses barrages, une quantité phénoménale d’eau dans nos écosystèmes.
À la suite d’un manque flagrant de précipitations, le niveau des eaux du lac Saint-Louis et du fleuve Saint-Laurent est anormalement bas, occasionnant d’innombrables problèmes aux plaisanciers et pêcheurs qui voient leur embarcation en cale sèche ou en situation périlleuse.
En puisant un tiers de centimètre du lac Ontario, il sera possible d’accentuer le débit de 7000 à 7500 m3/s vers le couloir fluvial et, ainsi, d’en remonter temporairement le niveau de 15 à 30 cm, afin d’aider les propriétaires de bateau à les remorquer hors des eaux.
Effet boule de neige
Au fil des mois, le lit des cours d’eau concernés a vu ses rives s’exposer de plus en plus à l’air libre. Tout le substrat émergé s’est alors asséché et craquelé. De nombreuses baies ont fait place à des sites de désolation.
Le débit des eaux a inévitablement ralenti. Le courant, qui entraîne naturellement les nutriments, est moins énergique. Si on compare ces nappes d’eau à une habitation locative, c’est comme si les divers spécimens nageant dans nos eaux avaient passé d’un appartement 5 1⁄2 au printemps à un 1 1⁄2 cet automne.
Depuis hier matin, le niveau des eaux monte tranquillement. L’or bleu change alors drôlement de couleur, car il lave, au fur et à mesure, la vase et tous les détritus qui ont séché aux quatre vents. La colonne d’eau sera inévitablement très brouillée et de nombreux sédiments se retrouveront en suspension. On obtiendra assurément le même effet qu’en avril et en mai, lors du grand ménage occasionné par la crue printanière.
Habitat
Les poissons se servent des structures pour se cacher et pour chasser. Les nouvelles cachettes qui se feront immerger redeviendront probablement invitantes. Pour ce qui est des herbes aquatiques, qui abritent tous les membres de la chaîne alimentaire, il s’agit d’une tout autre histoire, car normalement, de septembre à novembre, un grand pourcentage disparaît graduellement.
Cependant, si l’eau remonte sur les berges déjà dénudées et qu’il est trop tard pour que les joncs croissent, on se ramasse avec des sites totalement dégarnis d’habitacles formés par l’architecture florale. En ce moment, les algues existantes se retrouvent tout simplement plus en profondeur.
Brochet et achigans
En fin de compte, pour ce qui touche les espèces évoluant en eaux peu profondes, comme le brochet et les achigans à petite et grande bouche, elles iront fort possiblement fouiner dans ces nouveaux environnements, mais elles retourneront dans leurs appartements douillets, où la luminosité sera malheureusement très tamisée encore quelques jours.
Trucs et astuces
Au cours de la semaine à venir, pour les carnassiers et les achigans, favorisez des leurres émettant beaucoup de bruit et de vibration. Les offrandes dégageant des odeurs attrayantes seront également productives.
En ce qui a trait aux dorés, ils évoluent déjà en profondeur ou le long des escarpements secondaires. Mis à part la teinte de l’eau, il n’y aura pas beaucoup d’effets négatifs sur leur comportement.
La pêche à la dandinette avec des corps souples aux coloris très visibles, comme le jaune, le chartreuse ou le luminescent, est tout indiquée.


