Il a commandé un attentat sur un avocat | Absent au tribunal, un promoteur immobilier est visé par un mandat d’arrêt

Un promoteur immobilier qui a commandé un attentat sur un avocat a fait faux bond au tribunal mardi alors qu’il devait témoigner sur sa peine. Le juge a lancé un mandat d’arrêt contre Jean-François Malo, en lui donnant néanmoins le « bénéfice du doute ».
Publié hier à 13 h 53
Après cinq ans d’audiences, de nombreuses requêtes pour mettre fin aux procédures, une Maserati incendiée dans son garage, les rebondissements se poursuivent dans l’affaire Malo.
Reconnu coupable de voies de faits graves, Jean-François Malo risque plusieurs années de prison. En mars 2020, il a embauché deux hommes de main pour s’en prendre à Nicholas Daudelin, un avocat de Desjardins impliqué dans un litige de plusieurs millions de dollars. L’avocat – maintenant juge à la Cour du Québec – a été blessé par balle à la jambe.
Le dossier de l’homme d’affaires de Joliette de 47 ans était sur le point de se conclure mardi avec la fin des audiences pour déterminer sa peine. Il devait finalement s’exprimer au Tribunal et les parties devaient ensuite plaider la peine réclamée.
Mais Jean-François Malo brillait par son absence, mardi matin, au palais de justice de Longueuil. Son avocat était d’ailleurs incapable de le joindre. Pendant une partie de l’avant-midi, les parties ont pensé que Malo pouvait être resté coincé dans le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, partiellement fermé par un accident.
Or, à 12 h 30, il est devenu de moins en moins probable que Malo soit pris au piège dans le pont-tunnel, évacué depuis un bon moment déjà.
« Les juges sont arrivés. Le pont-tunnel semble rouler. Il n’y a pas de raison qu’il ne soit pas joignable », a observé la procureure de la Couronne, Me Tian Meng.
« Son épouse est sans nouvelles de lui [depuis son départ ce matin]. Son cellulaire semble fermé », a expliqué au juge, Me Karl Emmanuel Harrison.
Son avocat affirme l’avoir vu la semaine dernière, ce qui a rassuré le juge, qui lui a ainsi donné le « bénéfice du doute ». Jean-François Malo a d’ailleurs toujours été présent en salle d’audience dans les cinq dernières années.
Ainsi, le juge Denys Noël a lancé un mandat d’arrêt « rapportable » à mercredi prochain. C’est donc dire que le juge permet à Jean-François Malo de comparaître volontairement à cette date. Les policiers n’iront pas l’arrêter chez lui d’ici là.
Au début septembre, Jean-François Malo n’a pas été en mesure de témoigner, car il était toujours ébranlé par un incendie survenu chez lui, quelques jours plus tôt. Une luxueuse Maserati a été la proie des flammes dans son garage.
« La porte de garage a pris feu. Ça a mis le feu au véhicule et à une partie de la résidence. Monsieur a dû être évacué. Il n’a pas dormi depuis quatre jours. Il n’est pas dans un état normal, je n’ai pas pu le rencontrer pour préparer son témoignage », avait expliqué son avocat, Me Harrison.
À la dernière audience, la victime, Nicholas Daudelin, a confié ne pas se sentir en sécurité aussi longtemps que Jean-François Malo sera en liberté. « Je veux qu’il me laisse tranquille », a-t-il insisté.
Un autre avocat, qui se trouvait sur la liste des ennemis de Malo, a affirmé craindre toujours que Malo aille un jour « au bout de sa liste ». Cet avocat s’était caché pendant des mois après l’attentat sur son collègue.



