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Crise au PLQ | Rodriguez expulse Rizqy du caucus

(Québec) « Ça suffit ! » Deux semaines après l’avoir suspendue et sans nouvelle d’elle depuis, le chef libéral Pablo Rodriguez expulse Marwah Rizqy de son caucus pour « manque de loyauté ».


Publié à
13 h 18

Mis à jour à
15 h 50

Il a l’intention de réintégrer sa fidèle collaboratrice, Geneviève Hinse, dans son poste de directrice de cabinet, celle-là même que Mme Rizqy, alors cheffe parlementaire, avait congédiée le 17 novembre pour « faute grave ».

Ce congédiement sans avertissement avait mené M. Rodriguez à suspendre Mme Rizqy de son caucus le lendemain. Il lui avait demandé de lui fournir des explications sur la faute en question et de préciser la nature du « fling-flang » qu’elle avait évoquée lors de leur rencontre.

Mais comme la députée refuse de lui parler depuis, le chef libéral a décidé de l’expulser mardi.

« Elle a choisi de tourner le dos à notre équipe. Ça suffit ! Ça suffit ! » a tonné Pablo Rodriguez mardi en point de presse, après une réunion de son caucus.

« Ma décision porte uniquement et strictement sur le fait qu’elle avait le devoir, l’obligation de répondre à son chef, de répondre à son caucus, à ses collègues […]. Elle a manqué à cette obligation. Elle a manqué de loyauté. »

Pablo Rodriguez n’a pas mâché ses mots. Elle a choisi « d’agir seule », « de se placer au-dessus du parti ». « Ces deux dernières semaines, elle a fait beaucoup de tort au Parti libéral du Québec », a-t-il renchéri. « Les distractions, c’est terminé. Les jeux individuels, c’est terminé. »

Marwah Rizqy s’est limitée à une courte réaction sur les réseaux sociaux. « Je prends acte de la décision du chef du Parti libéral du Québec de m’expulser du caucus. Depuis le jour un de mon élection à titre de députée de Saint-Laurent, je représente mes concitoyennes et mes concitoyens avec dévouement et rigueur. Je tiens à leur réitérer et à leur assurer que je les représenterai avec la même hauteur, et ce, à titre de députée indépendante. »

Pablo Rodriguez a précisé que le député Greg Kelley, le conjoint de Mme Rizqy, demeure membre du caucus. Il lui a écrit lundi soir. « Ce que j’ai dit à Greg, c’est que tout ceci est très difficile pour nous, que quand il va vouloir en parler, on va en parler, et que tout ceci ne change rien à sa relation avec moi. Il n’a rien à voir là-dedans […] Pourquoi il serait puni ? »

Le chef libéral a « amorcé des discussions » avec Geneviève Hinse pour la réintégrer dans ses fonctions de directrice de cabinet, pour le nouveau chef parlementaire André Fortin.

« J’ai vérifié avec Madame si elle serait intéressée. Elle m’a dit : “laisse-moi le temps d’y penser”. Parce que c’était une période extrêmement difficile. Mais il n’y a rien à mes yeux qui démontre qu’on ne devrait pas la réembaucher. […] J’ai rien, rien devant moi qui me dit qu’il y a quelque chose de mal qu’elle ait fait. »

Geneviève Hinse poursuit Mme Rizqy pour 500 000 $, l’accusant de l’avoir mise à la porte sans motif valable.

Financement de la campagne à la direction 

Pablo Rodriguez a demandé que l’enquête externe demandée par son parti à l’ex-juge en chef de la Cour supérieure Jacques R. Fournier se penche également sur des allégations publiées dans le Journal de Montréal mardi. On y parle d’un entrepreneur qui a versé 500 $ à la campagne à la direction de Pablo Rodriguez « à la demande d’un homme d’affaires et ami qui lui avait fait miroiter des faveurs en retour ».

« Si des gestes répréhensibles sont confirmés au terme de cette enquête-là, il y aura des conséquences. Je le répète, je l’ai dit plus qu’une fois, je mets ces gens-là dehors », a dit M. Rodriguez. Le rapport d’enquête est attendu d’ici le 31 janvier.

Informé de la démarche d’un média, Pablo Rodriguez a ajouté de façon préventive que les indemnités de départ versées à des membres de son personnel au fédéral qui ont fait le saut avec lui au PLQ respectaient les règles.

À leur arrivée au caucus, les députés libéraux se sont aussi montrés excédés face aux révélations qui se succèdent dans les médias concernant des pratiques de financement qui auraient teinté la course à la direction du PLQ ayant mené à l’élection de Pablo Rodriguez.

« Je suis en colère, je suis en maudit, je suis en crucifix », a lancé Enrico Ciccone.

« Il semble y avoir quelque chose de criminel qui a été fait aujourd’hui, arrêtez-les s’il vous plaît, mettez-les en prison, envoyez ça le plus loin possible de notre gang, parce qu’on est écœuré au caucus », a-t-il poursuivi.

Son collègue Monsef Derraji s’est dit « tanné » lui aussi. Il veut que toute la lumière soit faite sur les pratiques de financement de la dernière campagne à la direction du parti.

Ce qu’ils ont dit

Que Pablo Rodriguez soit au courant ou non de ce stratagème de prête-nom n’a plus d’importance parce que, vraisemblablement, à l’échelle du parti au complet, il y a des pratiques qui sont acceptées et connues de plus d’un individu, puis que ça n’a fait réagir personne à l’interne avant que les journalistes fassent leur travail. Et ça, c’est un problème de culture généralisée.

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon

Chaque jour que le bon Dieu nous amène, on apprend des nouvelles informations extrêmement inquiétantes pour notre démocratie. Je ne peux pas croire que Pablo Rodriguez va venir ici puis va dire, comme dans le bon temps de Jean Charest ou de la commission Charbonneau, je ne le sais pas, je n’ai rien vu, je ne vois rien.

La cheffe parlementaire de Québec solidaire, Ruba Ghazal

L’histoire jusqu’ici

  • Le 14 novembre, le député libéral fédéral Fayçal El-Khoury a une discussion avec Marwah Rizqy qui aurait un lien avec la campagne à la direction de Pablo Rodriguez, comme l’a révélé La Presse. Ce serait l’élément déclencheur de la crise au PLQ.
  • Le 17 novembre, Marwah Rizqy, alors cheffe parlementaire, congédie sa directrice de cabinet, Geneviève Hinse, une proche de M. Rodriguez.
  • Le 18 novembre, Pablo Rodriguez suspend Marwah Rizqy du caucus libéral. La députée lui parle d’un « fling-flang » dans les rangs libéraux, sans donner de précision.
  • Le 19 novembre, Le Journal de Montréal publie un article concernant un échange de textos au printemps dernier « entre deux personnes qui travaillaient activement à l’élection de M. Rodriguez comme chef ». Les messages concernent le versement allégué d’une somme d’argent – un « brownie », en référence au billet brun de 100 $ – en échange d’un vote pour M. Rodriguez.
  • Le 29 novembre, l’UPAC rencontre Marwah Rizqy et se penche sur « des allégations d’actes répréhensibles visant le PLQ ». Le DGEQ s’intéresse aussi au dossier.
  • Le 2 décembre, Pablo Rodriguez expulse Mme Rizqy du caucus libéral.

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