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Jeux dans les cours d’école | Tempête autour des buttes de neige

D’un côté, un assureur qui souhaite voir ses recommandations sur les buttes de neige suivies. De l’autre, une ministre qui appelle au « gros bon sens ». À l’approche des vacances de Noël, les monticules neigeux dans les cours d’école provoquent une petite tempête médiatique.


Publié à
13 h 20

Le retour du « roi de la montagne » décrété en 2024 par l’ancien ministre de l’Éducation Bernard Drainville cause des maux de tête à sa successeure Sonia LeBel : le Journal de Montréal a rapporté dans son édition de mardi que les petites montagnes de neige devront être auscultées.

Les recommandations émanent de L’Union réciproque d’assurance scolaire du Québec (URASQ). Le but est d’« atténuer le risque » et favoriser « l’exercice d’une diligence raisonnable » sans pour autant imposer « un nouveau fardeau pour le personnel scolaire », a exposé sa directrice générale, Caroline Vermette.

Lesdites recommandations de l’assureur, qui regroupe 63 centres de services scolaire (CSS) et commissions scolaires (CS) du Québec, sont les suivantes :

  • Hauteur de la piste entre 1,8 et 3 mètres (correspond à type débutant)
  • Pente d’environ 25 %
  • Zone de récupération et d’attente délimitée
  • Inspection quotidienne et registre (sécurité, état de la neige, imperfections, présence d’eau et de glace)
  • Plan de surveillance
  • Calendrier d’utilisation de la colline (rotation par âge et niveau de compétence)
  • Plan de communication pour les parents

Si tous ces critères sont respectés, « il n’est pas question de port de casque », a fait valoir Caroline Vermette. L’assureur, qui est opérationnel depuis juillet 2023, ne possède pas de données sur le nombre d’incidents qui ont pu survenir sur ou autour des buttes de neige.

À la Fédération des centres de services scolaire du Québec, le président-directeur général Dominique Robert renchérit qu’il ne s’agit pas de directives à proprement parler, mais bien « de bonnes pratiques de prévention, comme celles proposées par d’autres assureurs ».

« C’est une question d’équilibre entre la sécurité des élèves et le risque mesuré en fonction de la réalité de chaque milieu », a-t-il ajouté dans une déclaration écrite.

Jugement et gros bon sens

Sans aller jusqu’à appeler à la désobéissance, la ministre LeBel a voulu calmer le jeu. « J’invite simplement les directions à exercer leur jugement, comme pour toutes les activités extérieures ! L’important, c’est que les élèves puissent jouer dehors et profiter de l’hiver dans un environnement adéquat », a-t-elle déclaré.

« C’est une question de gros bon sens », a-t-elle résumé sur ses réseaux sociaux.

Invitée à réagir à ce son de cloche ministériel, la représentante de l’URASQ y est allée de ce commentaire : « Nous souhaitons que nos recommandations soient suivies. Il appartient aux CSS et CS de gérer leurs établissements et d’imposer les règles qu’ils jugent appropriées ».

Les joies de l’hiver

Le regroupement n’est pas l’assureur des CSS et des CS montréalais.

Cette responsabilité incombe plutôt au Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal. Là, on n’a émis « aucune consigne » quant aux dimensions que doivent avoir les buttes de neige, a signifié le service des communications.

« Ceci dit, en janvier 2025, le ministre de l’Éducation avait invité les centres de services scolaires à encadrer l’aménagement sécuritaire des buttes de neige. Nos écoles le font avec discernement, afin de concilier plaisir et sécurité », a tout de même précisé Alain Perron, du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM).

« Nous vous rassurons : nos élèves sont en mesure de profiter pleinement des joies de l’hiver », a-t-il conclu en ce mardi de redoux.

Le retour des rois

Le ministre Bernard Drainville a annoncé son intention de permettre le retour des buttes et de leurs rois en septembre 2024. Il réagissait à un reportage de La Presse sur la multiplication des interdits dans les cours de récréation, dont le fameux jeu provoquant parfois bousculades et chutes.

« Ben oui, il y a un risque qu’un enfant, éventuellement, se fasse un petit bobo. Ça m’est arrivé, un moment donné je suis tombé sur la glace et je ne suis pas mort. Un moment donné il faut accepter qu’il y ait une part de risque », lançait-il alors.

L’interdiction d’une foule de jeux comportant un niveau de risque entre en contradiction avec un rapport de la Société canadienne de pédiatrie, dans lequel il est recommandé de favoriser ce type de jeu chez les enfants pour améliorer leur santé physique et leur apprendre à mieux gérer leur anxiété.

La directive ministérielle autorisant les amoncellements de neige et leur utilisation dans les cours d’école est entrée en vigueur en 2025-2026. Les consignes de l’URASQ « vont dans le même sens que les pratiques des écoles déjà en place, qui encadraient déjà l’utilisation des buttes de neige », selon Caroline Vermette.

Avec Charles Lecavalier, La Presse

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