Le cancer au Québec: première cause de décès depuis 30 ans

Il y a une raison claire qui explique pourquoi il faut s’attarder aux cancers: environ 45% des Québécois recevront un diagnostic de cancer au cours de leur vie, et c’est la cause de décès de 22 à 25% de la population.
Notamment, plus d’hommes que de femmes recevront un diagnostic de cancer et en décéderont. Les maladies cardiovasculaires, qui représentaient auparavant la première cause de décès, sont maintenant plus traitables et font l’objet de plus de mesures de prévention. Depuis 30 ans déjà, le cancer est devenu la première cause de décès de la population québécoise. Il faut donc que les individus, les sociétés savantes et les gouvernements agissent pour juguler cet important problème de santé, bien qu’il y ait eu des avancées significatives dans le domaine depuis quelques décennies.
Les origines du mot «cancer»
Commençons par la base. «Cancer» vient du grec «karkinos», signifiant «crabe». Le père de la médecine, Hippocrate, qualifiait ainsi les tumeurs qu’il voyait chez ses patients. En faisant cette analogie, il a aussi usé d’un sens aigu de l’observation en disant que les vaisseaux se rendant à la tumeur étaient comme les pattes d’un crabe, infiltrées dans les tissus. Il a ainsi décrit l’une des prémisses dans la genèse du cancer: la capacité des cellules cancéreuses à moduler le corps pour profiter d’un apport de sang, d’oxygène, de constituants biologiques et d’énergie. Et ces vaisseaux serviront secondairement aussi à propager la maladie ailleurs dans le corps, à donner des métastases.
Les questions auxquelles doivent répondre les chercheurs sont multiples:
- Comment et pourquoi le cancer se développe-t-il?
- Pourquoi ces cellules sont-elles si résistantes et prennent-elles le dessus sur les cellules normales du corps?
- Pourquoi est-il si difficile de trouver un traitement pour le cancer?
- Que doivent faire les gouvernements et organisations pour réduire l’impact du cancer sur les personnes qui en sont atteintes et sur la société de façon plus générale:
- Comment le prévenir?
- Comment le détecter de façon précoce?
- Comment le traiter plus efficacement?
La première leçon sera de reconnaître qu’il n’y a pas qu’un cancer, mais des cancers. Historiquement, on classait les cancers selon l’organe d’origine. Pancréas, poumon, sein, etc. Ceci demeure vrai. Avec les années, les pathologistes, en se basant sur des caractéristiques des tissus cancéreux et autres particularités, ont spécifié et désigné les carcinomes, sarcomes, lymphomes, etc.
Chaque cancer est différent
Plus récemment, on caractérise encore plus en utilisant la génétique pour trouver les anomalies des cellules cancéreuses qui leur donnent un avantage de survie et de prolifération, mais qui définissent aussi clairement ce qui distingue un cas de cancer d’un autre. À la limite, on peut dire que chaque cas de cancer est différent. Mais il y a des anomalies que l’on retrouve assez fréquemment pour décider de les étudier davantage et de développer des traitements conséquents.
Il faut apprendre pour connaître, connaître pour comprendre, comprendre pour juger. Cette maxime attribuée à Nârada est fort applicable au cancer. En savoir plus sur cette maladie nous permettra de dire si on agit bien pour le contrer, tant individuellement que collectivement. La science médicale a évolué pour permettre de modifier significativement les statistiques du cancer. Jamais il n’y a eu un aussi grand développement des connaissances sur le cancer. Il est cependant essentiel de mettre en œuvre des actions coordonnées et de s’assurer d’avoir les ressources nécessaires pour que ces connaissances et avancées sur le cancer conduisent à un recul de la mortalité.
L’auteur est aussi porte-parole scientifique et médical de la Société canadienne du cancer et agit à titre de consultant scientifique pour diverses sociétés.



