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Qualifications Coupe du monde 2026 I Italie – Israël I L’Italie, le barrage et la peur : “Le ballon pesait 50 kilos…”

Jamais, dans la grande et riche histoire de la Coupe du monde football, une équipe ayant au moins une étoile sur son maillot n’a manqué plus de deux éditions consécutives. Jamais. Brésil, Argentine, Uruguay, Allemagne, Espagne, France, Angleterre… Il y a bien eu des ratés, évidemment, mais aucune sélection n’a fait l’affront à son pays d’en manquer une pendant au moins douze ans. Grande absente en Russie (2018) puis au Qatar (2022), l’Italie, quadruple vainqueur de la compétition et qui a pris part à 18 éditions sur 22 entre 1934 et 2014, va-t-elle devenir la première ?

On ne le souhaite pas aux tifosi, qui attendent de vivre, a minima, un match d’un Mondial depuis le 24 juin 2014 et une défaite face à l’Uruguay (0-1) en phase de groupes. Un purgatoire de plus d’une décennie, quand même. Et pour une phase finale, il faut remonter… au 9 juillet 2006. La date vous est évidemment familière, puisqu’il s’agit de la finale remportée face aux Bleus à Berlin. Depuis, le bilan est sans appel : deux éliminations en poules puis deux absences. Et pour 2026, tout reste encore à jouer. La faute, probablement, à cette défaite cuisante en Norvège (0-3) qui a compromis presque définitivement la première place de son groupe.

Après cette débâcle, tout (ou presque) a changé. Le sélectionneur, déjà, avec la nomination de Gennaro Gattuso en lieu et place de Luciano Spalletti, licencié après avoir presque tout raté à la tête de la Nazionale (2023-2025). L’équipe, aussi, avec de nouvelles têtes bienvenues (dont le jeune attaquant Pio Esposito, grand espoir du foot italien) et des buteurs qui performent enfin (Kean, Retegui…) Et le rendement, enfin, puisque Gianluigi Donnarumma et ses coéquipiers sont parvenus à aligner trois victoires consécutives en marquant pas moins de treize buts depuis l’arrivée de “Rino” sur le banc, dont une rocambolesque (5-4) mais vitale face à Israël, contre qui les Azzurri pourraient valider leur ticket pour les barrages ce mardi soir (20h45) à Udine. Oui, pour les “barrages”, seulement. Car la Norvège emmenée par Erling Haaland, elle, plane sur groupe I et n’a commis aucun faux pas : 6 victoires, 29 buts marqués et 3 encaissés.

“Le ballon pesait 150kg”

Les Italiens comptent six points de retard sur le leader norvégien (18 pts) qui a certes disputé un match en plus mais dispose d’une différence de buts nettement favorable (+26, contre +7 à l’Italie). Autant dire mission impossible. Même si les quadruples champions du monde devaient réaliser un sans-faute, en remportant leurs trois derniers matches, dont la “finale” du groupe contre la Norvège le 16 novembre à San Siro, ils ne devraient pas décrocher la première place et la qualification directe pour la prochaine Coupe du monde. Et ça, tout le monde en est conscient de l’autre côté des Alpes, à la différence des deux dernières fois. Ce qui peut changer un peu la donne dans la “mentalisation” de la préparation à l’évènement.

“On joue gros ce mardi, car si on gagne, on peut mettre Israël hors de l’équation pour les barrages et bien préparer ces barrages”, a estimé Gennaro Gattuso, qui ne se fait plus guère d’illusions et vise désormais ouvertement la deuxième place, synonyme de barrages. Un mot devenu tabou en Italie après les déroutes face à la Suède en 2017 et, surtout, la Macédoine du Nord il y a trois ans. Dans son histoire, la Nazionale n’a finalement passé qu’un barrage sur ses trois disputés : celui de 1997, face à la Russie. Aujourd’hui, la performance n’est plus de gagner un Mondial, mais bien d’y aller.

L’ancien technicien de l’OM s’en est aperçu très vite : c’est comme si les fantômes du passé continuaient sans cesse de rôder du côté de Coverciano. Tourmenté, angoissé, paralysé : le groupe italien a beau avoir été renouvelé dans sa totalité depuis le premier fiasco suédois, l’objectif d’aller au Mondial crispe tout le monde. La parenthèse enchantée de l’Euro 2021 n’y aura rien changé. C’est comme si l’Italie devait conjurer le sort une bonne fois pour toutes afin de pouvoir affronter, sans crainte, l’idée de se qualifier pour un Mondial. “On avait parfois l’impression que le ballon pesait 50 kg”, reconnaissait Sandro Tonali la semaine passée au sujet des récentes échéances manquées par son équipe. “Nous prenons du plaisir à l’entraînement, car Gattuso nous fait travailler dur, mais aussi prendre du plaisir, ce qui est important”, ajoutait le milieu de terrain, confirmant ainsi un semblant de renouveau depuis le changement de sélectionneur. “Il a redonné de la confiance, de l’estime et de la conviction à cette équipe, écrivait La Gazzetta dello Sport dimanche. L’Italie a son caractère et son cœur.” “Nous sommes en train de retrouver une équipe, se félicitait le quotidien Tuttosport. En jouant comme ça, nous pouvons y croire.”

La Nazionale ira au Mondial, c’est certain

“Il faut parler avec les joueurs et entrer dans leur tête pour arriver à leur transmettre du positif… La tactique ou la technique, ce n’est pas le plus important, confiait-il à son arrivée sur le banc. J’entends depuis des années qu’il n’y a pas de talent, qu’on n’a pas les joueurs, mais on a tout ça. Il faut qu’on les mette en situation de donner leur maximum. Quand l’entraînement commence, il faut être à fond et bosser avec sérieux. Je ne suis pas un magicien, je peux juste promettre de faire les choses avec passion et tout faire pour ramener cet enthousiasme, pour ramener l’Italie en Coupe du monde.”

Pour son prédécesseur Luciano Spalletti, il n’y a aucun doute : cette fois, c’est promis, tout se passera bien. “La Nazionale ira au Mondial, c’est certain. Les joueurs sont forts et Gattuso a trouvé la bonne ossature. Il a été très bon, il a des solutions. Cette équipe peut devenir forte”, a-t-il assuré lors du “Festival du Sport”, un évènement organisé par La Gazzetta dello Sport.

Gennaro Gattuso, Luigi Riccio, Gianluigi Buffon et Leonardo Bonucci sur le banc de touche lors du match de qualification pour la Coupe du monde 2025 entre l’Italie et l’Estonie

Crédit: Getty Images

Dans la foulée de sa nomination, Gattuso a passé ses semaines à sillonner l’Italie pour aller à l’encontre des clubs de Serie A. Avec un objectif clair : rétablir une connexion solide et installer un vrai dialogue entre les parties. Pour que la sélection (re)devienne une priorité nationale. “Manquer un nouveau Mondial serait un énorme désastre : politique, sportif, économique. Un grand ménage s’imposerait partout. Cela enverrait le système football en perdition totale. Personne ne serait épargné (…) Rappelons que lors de l’Euro remporté en 2021, le PIB avait augmenté de 0,7%.”

Le risque de grosses pertes

En 2018, entre les bonus FIFA ratés, les “malus” prévus par les sponsors et les recettes manquantes liées au tournoi (sponsoring, royalties), l’impact négatif de l’absence au Mondial en Russie avait eu un impact négatif de 31,9 millions d’euros sur le marché italien. Pour celui au Qatar, le chiffre était encore plus élevé : 41,1 millions. Et comme 2026 est l’année où les contrats des sponsors seront renégociés, comme tous les quatre ans, mieux vaut ne pas manquer le voyage vers l’Amérique. “Plus que tout, nous devons disputer le Mondial, reconnaissait le défenseur Gianluca Mancini lundi. Tous les matches qui arrivent sont des finales.”

“Cette équipe a des valeurs et une grande marge de progression, prévenait Gattuso lundi. Le maillot est lourd à porter, les matches sont pesants, mais le fait de jouer des matches sans stress, comme ce soir (en Estonie, ndlr), c’est déjà beaucoup. On doit se préparer au mieux pour les échéances à venir (…) Je pense que nous sommes bien lancés dans notre parcours, on s’entraîne bien et les prestations sont intéressantes. Il y a beaucoup de choses positives, nous savons ce que nous devons faire pour la suite.” Sauf faux-pas surprise de la Norvège face à l’Estonie, l’Italie s’apprête donc à disputer deux tours de barrages en mars prochain : une demi-finale à domicile, puis une éventuelle finale sur terrain à déterminer selon un tirage au sort. L’Amérique est encore loin.

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