Crise au PLQ | Marwah Rizqy n’a pas répondu à une mise en demeure

(Québec) La crise politique se transforme en bataille juridique. Marwah Rizqy n’a pas obtempéré à la mise en demeure que lui avait envoyée son ex-directrice de cabinet Geneviève Hinse, qui l’accuse de l’avoir congédiée « cavalièrement » sans raison valable.
Publié à 7 h 35
Mis à jour à 19 h 46
Mercredi en fin d’après-midi, Mme Hinse a envoyé à la députée une mise en demeure pour lui demander d’admettre publiquement, dans un délai de 24 heures, « l’absence de motif justifiant son congédiement ». À défaut de quoi elle la poursuivra pour obtenir « compensation pour le grave préjudice subi ».
À l’expiration du délai, il n’y a pas eu de sortie publique de la part de Mme Rizqy, l’ex-cheffe parlementaire du Parti libéral du Québec, qui a été suspendue du caucus par Pablo Rodriguez.
Ses avocats ont toutefois envoyé une réponse écrite à ceux de Mme Hinse, un document dont la teneur n’a pas été dévoilée pour le moment. Il n’y aura pas de commentaires de sa part ; l’enjeu est considéré comme un dossier de ressources humaines.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Geneviève Hinse
Dans la mise en demeure, l’avocat Jacques Jeansonne reproche à Mme Rizqy d’avoir « cavalièrement prétendu congédier madame Hinse de son poste de cheffe de cabinet, notamment pour “faute grave et rupture du lien de confiance” ».
Il fait valoir que Mme Rizqy, alors cheffe parlementaire, a pris cette décision lundi « en contravention à la coutume constitutionnelle qui réservait au chef de parti cette prérogative ».
« Vous ne lui avez pas explicité votre décision, pas plus qu’aux instances du Parti à qui vous avez prétexté de la confidentialité de vos motifs, alors que vous n’en aviez aucun.Votre silence aggrave le préjudice subi par notre cliente, en ce qu’il suscite dans l’opinion publique des questionnements sur la possibilité que de tels motifs puissent exister », soutient l’avocat.
« Dans le strict but d’éviter la judiciarisation de cette affaire qui entraînerait probablement le financement de votre défense par des fonds publics, notre cliente nous mandate de vous offrir la renonciation à son droit de rechercher compensation pour le grave préjudice subi, à la condition que vous admettiez publiquement d’ici 24 heures l’absence de motif justifiant son congédiement. »
En l’absence de réponse, Mme Hinse a l’intention d’entendre « les procédures requises à [son] encontre sans autre avis ni délai ». Son « refus de voir à mitiger le préjudice subi […] sera allégué et mis au compte de l’aggravation de celui-ci », précise l’avocat.
Mercredi, dans une déclaration écrite envoyée aux médias, Geneviève Hinse disait « évalue[r] tous les recours » pour « rétablir les faits ».
La veille, Pablo Rodriguez a suspendu Marwah Rizqy du caucus pour « bris de confiance ». Il lui a reproché d’avoir congédié Geneviève Hinse sans le prévenir et sans lui fournir d’explications.
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Pablo Rodriguez
Selon une source libérale, Mme Rizqy reprocherait à Geneviève Hinse l’utilisation de fonds publics, à savoir les budgets accordés par l’Assemblée nationale, pour financer des activités de nature partisane. Une telle pratique est interdite. Cette même source ajoutait que, d’autre part, une plainte aurait été déposée auprès du Directeur général des élections concernant la campagne à la direction de Pablo Rodriguez.
Au lendemain de sa victoire dans la course à la direction du PLQ, M. Rodriguez, qui n’a pas de siège à l’Assemblée nationale, avait nommé Marwah Rizqy cheffe parlementaire. Il avait également choisi en juin sa directrice de cabinet, Geneviève Hinse.
Mme Hinse est une proche de longue date de Pablo Rodriguez, d’abord au Parti libéral du Canada. Elle a également travaillé dans des cabinets du PLQ sous le gouvernement Charest, avec la ministre Yolande James.
Une autre mise en demeure
La députée caquiste Alice Abou-Khalil a également envoyé une mise en demeure, à Cogeco dans son cas, pour l’avoir désignée comme l’une des personnes derrière les textos laissant entendre que des membres du PLQ avaient été récompensés avec de l’argent pour leur appui à Pablo Rodriguez dans la course à la direction. Cogeco a également soutenu que la députée libérale Sona Lakhoyan Olivier est l’autre personne dans l’échange de textos. Les deux députées ont tout nié. Mme Abou-Khalil avait déjà fait l’objet de rumeurs quant à un saut au PLQ, mais elle les avait démenties.




